FacebookTwitterLinkedInImprimer

Le déploiement massif du captage et stockage du CO2 (CSC), enjeu majeur pour la lutte contre le changement climatiquenécessite l’adoption conjointe de ces technologies par des acteurs indépendants : émetteurs, transporteurs, stockeurs, décideurs politiques.

Dans une économie libéralisée, il faut faire émerger les conditions d’une coordination de ces décisions individuelles. La théorie des jeux, dont l’objet est précisément d’étudier les interactions stratégiques entre acteurs indépendants, a guidé différents travaux récemment menés à IFP School.

Les premiers de ces travaux ont montré que coordonner les décisions des émetteurs et d’un opérateur de pipeline CO2 s’apparentait à la constitution d’un club d’émetteurs partageant une infrastructure commune(1). En raison de l’hétérogénéité des acteurs, le montant de la taxe à l’émission de CO2, requis pour l’existence du club, doit être supérieur au coût moyen de captage, transport et stockage. De plus, l’obligation faite au transporteur d’utiliser une structure tarifaire non discriminante peut renchérir ce coût minimum, jusqu’à remettre en cause la faisabilité d’un projet CSC. Ces résultats questionnent donc la régulation tarifaire appliquée aux pipelines de CO2.

Les seconds travaux se sont intéressés aux politiques incitatives de type carotte et bâtonaqui pourraient être proposées pour faire émerger cette technologie(2). La carotte prend alors la forme d’incitants fiscauxb pour récompenser les émetteurs installant le CSC sans attendre la dernière minute ; leur décision permettant d’abaisser le coût du CSC via des effets d’apprentissage. Sur un cas américain, il a ainsi été montré qu’il fallait impérativement prendre en compte les interactions stratégiques entre émetteurs car, sans cela, le coût des incitants fiscaux requis est notoirement sous-estimé.

Ces approches novatrices permettent de mieux comprendre l’économie du CSC et d’adapter les politiques publiques qui accompagneront son essor.

 

Comparaison du coût des incitants fiscaux requis pour l’adoption du CSC aux États-Unis.

 

a- Par exemple : l’obligation faite aux centrales thermiques de vérifier, à un horizon futur annoncé, un seuil contraignant d’émissions par kWh qui impose le recours au captage.
    
b- Par exemple : des subventions à l’investissement et aux opérations.

 


(1)  O. Massol, S. Tchung-Ming, A. Banal-Estañol, (2015), Joining the CCS club! The economics of CO2 pipeline projects - European Journal of Operational Research, 247(1), 259-275, ISSN 0377-2217
>> DOI: 10.1016/j.ejor.2015.05.034 
    
(2)  A. Banal-Estañol, J. Eckhause, O. Massol, (2016). Incentives for early adoption of carbon capture technology: Further considerations from a European perspective - Energy Policy, 90, 246-252, ISSN 0301-4215. 
>> DOI: 10.1016/j.enpol.2015.12.006

 

 


Contacts scientifiques : Olivier MASSOL

NUMÉRO 29 DE SCIENCE@IFPEN