07.11.2025

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« Mettre un prix sur les émissions de carbone, permet non seulement d’attribuer une valeur à l’action climatique, mais aussi de stimuler le développement de technologies à faible intensité de carbone en orientant les investissements vers l’innovation dans ce domaine.
Les systèmes de tarification carbone jouent un rôle central dans cette dynamique en influençant les stratégies industrielles et en accélérant la transformation des secteurs énergétiques et industriels. Comprendre leur évolution est essentiel pour anticiper les défis et les opportunités qu’ils représentent.
À IFPEN, nous analysons ces mécanismes pour accompagner les acteurs de la transition énergétique et éclairer les choix stratégiques. Cette note décode les  tendances récentes et les perspectives des instruments de tarification carbone. 

Paula Coussy
Chef de projet Externalités Carbone – IFPEN

Lire la note complète (PDF, 450 KO)


Une tarification du carbone en expansion

En 2025, 81 systèmes de tarification du carbone (ETS et taxes) couvrent près de 28 % des émissions mondiales de GES. En 2024, les ETS représentaient 12 GtCO₂ (23 % des émissions), tandis que les taxes carbone couvraient 5 %.

Une hausse des prix attendue pour les ETS

Plus de 75 % des émissions couvertes par un ETS s’échangent entre 10 et 70 USD/tCO₂. Le prix du quota européen pourrait atteindre 120 à 200 €/tCO₂e d’ici 2030. En 2024, ces systèmes ont généré 70 milliards USD, dont 84,5 % en Europe, finançant notamment le Fonds social pour le climat de l’UE.

Des taxes carbone très disparates

Les taxes carbone vont de 0,1 USD/tCO₂ en Pologne à 160 USD/tCO₂ en Uruguay. Leurs recettes mondiales ont augmenté de 10 % en 2024, atteignant 35 milliards USD.

Crédits carbone : entre régulation et volontariat

Environ 40 % des ETS et des systèmes de taxes autorisent l’usage de crédits carbone. En 2024, le prix moyen de l’ensemble des crédits carbone échangés de gré à gré était de 6,78 USD/tCO₂e, contre 15,50 USD/tCO₂e en moyenne pour les crédits carbone issus des projets basés sur la nature (Nature Based Solutions).  

Urgence climatique : un effort encore insuffisant

Les NDC inconditionnelles mèneraient à un réchauffement de plus de 2,9 °C d’ici 2100, contre 2,5 °C avec les NDC conditionnelles. Pour rester sous +2 °C de réchauffement global, il faudrait renforcer les NDC 2030 inconditionnelles de 14 GtCO₂e supplémentaires (UNEP-2024).

L’Europe en tête des réformes

L’UE reste pionnière avec son Mécanisme d’Ajustement Carbone aux Frontières (CBAM), inspirant déjà le Royaume-Uni, l’Australie, le Japon, la Turquie, la Thaïlande, Taïwan et le Chili.

Vers une hybridation des systèmes

L’adoption de systèmes hybrides, combinant quotas et crédits carbone, est en hausse dans des pays comme la Chine et le Brésil. 
Les ETS s’élargissent en outre à de nouveaux secteurs (acier, ciment, chimie, transport, bâtiments, hydrogène gris et carburants synthétiques).